Depuis la nuit des temps, on se chuchote à l’oreille que les arbres sont la connexion entre la terre et le ciel. Les feuilles sont les sens qui permettent de relier ces deux pôles, et le tronc est le cœur qui fait circuler la sève. L’arbre est le symbole de la force et de la sagesse, et surtout celui de la vie. Quoi de plus symbolique alors que de le choisir pour perpétuer la mémoire de nos proches disparus ! Tour d’horizon des pratiques dans le monde.
Une forêt du Souvenir, c’est quoi ?
Les forêts du Souvenir, également appelées forêts funéraires ou forêts cinéraires, existent sous différentes formes en Suisse et dans le monde. Elles proposent une alternative au cimetière ou au jardin du souvenir pour l’ensevelissement des cendres du défunt. Leur configuration varie selon la législation locale en vigueur, mais elles sont toujours un havre de paix pour vivre son deuil au cœur de la nature. Remplacer la visite au cimetière par une balade dans la nature, écouter les bruits de la forêt au pied de l’Arbre du Souvenir, observer la nature changer, respirer pour se reconnecter à l’essentiel : les Forêts du Souvenir proposent un espace de vie pour commémorer les morts.
Allemagne : les cérémonies dans la nature
En Allemagne, on recense environ 70 forêts-cimetières où les proches ont la possibilité de déposer les cendres issues de la crémation. Cette alternative, largement plus répandue outre-Rhin que dans les pays francophones, offre des « inhumations plus naturelles » au cœur de la nature, au milieu des arbres et des oiseaux. Les cérémonies en pleine nature gagnent quant à elles aussi en notoriété et remplacent parfois les cérémonies religieuses.
Suisse : des espaces ouverts et accessibles à tous
Déjà bien établies en Suisse alémanique, les forêts funéraires existent maintenant aussi en Suisse romande. La configuration de ces espaces est principalement déterminée par les réglementations cantonales et communales concernant la gestion des cimetières, ainsi que par les dispositions du code civil. Ainsi, l’article 699 du Code civil suisse et l’article 14 de la loi fédérale sur les forêts (Loi sur les forêts, LFo[1]) garantissent un libre accès de la population à toutes les forêts suisses. Les forêts du funéraires suisses sont des espaces ouverts et accessibles au public. Contrairement aux cimetières, ces sites ne sont soumis à aucun aménagement particulier ni à des restrictions d’accès.
Belgique : une reconnexion au sacré de la forêt
En plein centre de la Wallonie, Soleilmont est le premier lieu de mémoire et de recueillement naturel belge. Cette forêt de 11 hectares est gérée par la fondation Les Arbres du Souvenir qui a « pour mission première d’apaiser les personnes endeuillées, par une reconnexion à la forêt et à ce qu’elle a de sacré ». C’est d’ailleurs aussi grâce à Alexia, sa fondatrice et directrice, que les forêts du Souvenir de Sôvenance ont vu le jour en Suisse.
France : deux cimetières entièrement végétaux où il fait bon venir se balader
En France, on compte aujourd’hui deux cimetières végétaux qui permettent l’inhumation du corps en pleine terre. Les cercueils doivent être en bois non-traité ou en carton. Les familles renoncent à réaliser des soins de thanatopraxie, qui entrainent la pollution des sols, et privilégient les fibres naturelles pour le choix des vêtements portés par le défunt.
En cas de crémation, les urnes arbre se prêtent particulièrement à ce type de cimetière. Elles contiennent les cendres du défunt, la graine d’arbre de l’essence choisie et tout ce qui est nécessaire à la croissance de l’arbre.
Japon : lorsque l’espace pour enterrer les morts vient à manquer
Au Japon, l’inhumation dans les arbres est pratiquée depuis la nuit des temps. Ces dernières années, elle gagne cependant en popularité en raison de la diminution de l’espace disponible pour les tombes, la surpopulation impactant aussi les cimetières. Dans certaines villes, le prix au mètre carré des concessions est plus élevé que celui des biens immobiliers. Conséquences ? Les tombes sont remplacées par des columbariums, moins gourmands en espace, et la durée de la concession est limitée à maximum 15 ans, après quoi les restes du défunt sont incinérés et l’espace est utilisé pour une autre sépulture. Les familles cherchent au travers des arbres commémoratifs une solution pérenne, naturelle et douce.
Partout dans le monde
Partout dans le monde, des entreprises proposent de planter un arbre en mémoire d’un proche. On peut choisir diverses variétés telles que le cyprès, qui symbolise l’immortalité, ou l’acacia pour la renaissance. Un certificat de plantation est remis aux proches. Un témoignage d’affection qui est aussi bon pour la planète !